Celui qui e/ancre son amour du vin…
On le croirait tout droit sorti d’un film rétro : Brice Poil est aussi discret que déconcertant. Il a le look de ses personnages, la finesse de son coup de crayon et le brin d’insolence de ses bons mots. Il en impose sans en avoir l’air et se confie avec parcimonie. Comme à la Belle Époque, il suffirait sans doute d’un canon pour délier les langues… mais les temps ont changé. Qu’à cela ne tienne, en général, on ne vient pas à La Musette pour papoter mais pour s’encrer.
Tatouer est avant tout dessiner. Et ce qui attire l’oeil et la peau chez Brice Poil c’est bel et bien son coup de crayon, sa patte, son style. Ses motifs figuratifs ciselés, terminés au pointillisme, semblent tout droit sortis d’une BD. Le trait est autant image que narration : ce ne sont que des histoires que Brice Poil ancrent sur les peaux. Il est pourtant autodidacte cet improbable licencié en droit. Le dessin est une passion et une patience. À grand renfort d’audace, il a pu faire ses armes et ses preuves comme apprenti auprès de Rocky Zéro à Nantes. Et comme c’est en tatouant que l’on devient tatoueur, de la feuille il est passé au corps, le sien d’abord puis celui des autres.
Grand bien lui fit de débarquer en terres nantaises depuis son Niort natal. Ce terroir viticole ne pouvait qu’inspirer le bon vivant qu’il est. Très grand amateur de vins nature, Brice Poil a le jaja chevillé au crayon et au dermographe : la bouteille, le verre, la grappe, le tonneau, le tire-bouchon… ses flashs et son book, c’est comme un imagier amoureux du vin. De feuille en aiguille, c’est tout l’univers de la fête et de la valse musette qu’il décline sur la peau. Et de jupes qui volettent en amants enlacés, ses dessins nous propulsent dans les tavernes et les antres des marins. Ceux-là même qui divulguèrent en primeur leurs vies de bohème à même leurs peaux. Si Brice Poile doit rentrer dans une case, gageons, comme il l’admet, qu’il fait partie des tatoueurs « façon bagnards », le verbe en plus peut-être. Car l’encreur du Vignoble a une vraie propension aux jeux de mots et autres bonnes formules qu’il se plaît aussi à calligraphier.
Il travaille à l’ancienne, comment en aurait-il pu être autrement ? Brice Poile utilise une seule aiguille comme les tatoués d’antan. Il invente ses flashs d’abord à la plume et à l’encre de chine car finalement « c’est le même geste d’aller chercher l’encre » confie-t-il.
C’est ainsi que La Musette est autant atelier de tatouage que galerie d’art. D’ailleurs, s’il pose ses motifs sur la peau, Brice les « print » aussi. Ceux qui hésiteront alors à se faire tatouer pourront au moins encrer leurs murs. Souvenez-vous de cette jolie carte du territoire que nous vous avions présentée… Ce best-seller mural des jolies caves, c’est lui ! Les professionnels du vin, eux, ne s’y trompent pas non plus : on l’appelle à la rescousse pour imaginer étiquette de bouteille ou affiche de festival oeno.
Des bagnards ce doux dandy n’a gardé que l’inspiration et le nom poilu de son pseudonyme. Pour le reste, il se rapproche plus du peauète, convenez-en !?
Merci à Marion qui s’est prêtée au jeu du mannequinat de tatouage pour ce « real » reportage.