L’ « oenodynamisme » personnifié
Philippe, avec sa fille Violette, nous a reçues au cœur de son domaine, à Thouaré-sur-Loire… là où les vignes commencent à céder leur place à d’autres paysages. Pourtant, il a développé là un véritable lieu de vie, assez unique en son genre, dédié à la découverte du vin, celui certes des Coteaux de la Loire mais aussi celui de Sèvre et Maine. Car c’est bien sur la rive opposée, sur le terroir d’en face, que, depuis 1947, la famille Marchais a ses racines, du côté du Loroux-Bottereau, au pied du Moulin du Pé.
L’homme est affable et chaleureux, le vigneron passionné et en mutation, l’entrepreneur audacieux et innovant… Philippe Marchais tient les rênes du domaine du même nom depuis la fin des années 80. Peut-on dire qu’à lui seul il représente une génération de vignerons, ceux que l’on appelait naguère les viticulteurs, qui ont totalement modifié un métier, une image, un produit ? Probablement oui, il est de ceux que l’on voit dans les vignes ou près des cuves, tout autant que dans les salons et auprès des visiteurs.
Vignoble en mutation, vers la biodynamie
Le Vignoble Marchais ce sont aujourd’hui 28 ha de vignes, cultivées des 2 côtés du fleuve. Envie, ambition et opportunités ont permis au vigneron lorousain d’étendre son domaine du côté de Thouaré-sur-Loire d’abord puis de Mauve-sur-Loire à partir de 2007. Ainsi, Philippe, qui croit au pouvoir du sol et voue une passion à la « terre », développe une gamme issue de 3 terroirs, composée notamment de Muscadets Sèvre et Maine (dont du cru Goulaine à venir), des Muscadets Coteaux de la Loire, d’un Malvoisie Coteaux d’Ancenis et d’un cru Champtoceaux.
Sortir en bouteille le meilleur de ses/ces terroirs, de leurs arbres, de leurs sols, de leur minéralité : voilà bien l’objectif de Philippe Marchais. Pour ce faire, le vigneron ne s’endort pas sur ses acquis. Il découvre auprès de certains confrères d’autres manières de cultiver et il s’y essaie. C’est pourquoi, sur le versant sud de la butte du Moulin du Pé, vous observerez des vignes travaillées en couvert végétal et bientôt en agroforesterie. Et il faut suivre le vigneron sur ces terres-là et l’entendre raconter avec humilité et passion qu’il est encore en apprentissage et qu’il ne se lasse pas de constater tout le potentiel d’un sol quand on le laisse s’exprimer ; et il faut le voir s’extasier de la richesse de la faune et de la flore qui jonchent les interstices entre les pieds ou les rangs de vigne. On se dit alors que cette attention-là, cet intérêt, portés par le cultivateur à l’âme de sa terre se retrouve nécessairement dans le verre. Environ 4 ha sont en conversion biologique. Le reste du domaine est en agriculture raisonnée et certifié Haute Valeur Environnementale (HVE), un label qui récompense une démarche portée par toute une équipe, résolument tournée vers l’avenir et accompagnée par des partenaires de conviction comme Écodyn.
Vignoble en innovation, vers l’oenotourisme
Être passionné par son métier, quelle chance ! Pouvoir le partager, c’est un luxe qu’a imaginé et construit le clan Marchais. En 2010, sort de terre un vaste bâtiment, contemporain dans ses lignes, offrant un espace d’accueil, une boutique, une salle de réception, une salle de réunion, un salon de dégustation. L’entrepreneur prend le train de l’oenotourisme largement en tête. Depuis, tout au long de l’année et vers différents publics, l’équipe développe des propositions touristiques et événementielles variées qui permettent de donner vie et chair au travail agricole. Le temps d’un dîner avec accord mets/vins, d’un séminaire professionnel ou d’une simple visite du chai, l’amateur de vins écoute le maître des lieux, se balade dans les vignes et goûte les breuvages. Plus insolite encore, il est possible de passer une nuit au cœur du domaine : non pas en tente au milieu des vignes mais dans une chambre aménagée dans une structure en bois formant un tonneau. Entre la roulotte et la tiny-house, cet hébergement est on ne peut plus immersif !
Dans le chapitre de la convivialité, l’équipe vient d’écrire une nouvelle page. Toujours à mi-chemin entre le travail du vin et celui de l’ouverture vers le public, Philippe et les siens ont mis au point un « vin décomplexé » au packaging innovant et prometteur : le b-blend. Trois mélanges (rouge/rosé/blanc) pour trois ambiances mais un seul mot d’ordre : le plaisir ! Imaginez au centre de la table, lors d’un barbecue entre amis, d’un banquet familial ou d’un pot de départ, une fontaine à vin à laquelle chacun vient se servir au gré de son envie, sans chichi ni fioriture. Le concept est à tester : chacun trouvera facilement sans doute une mise en situation !
Le domaine se réinvente donc, sans cesse… avec un Philippe Marchais tantôt philosophe des sols tantôt théoricien de la vinification, un jour architecte, le lendemain représentant de commerce, un peu guide de visite beaucoup passeur d’histoire, toujours libre penseur, créatif insatiable et adepte du partage.
Un personnage facile à suivre mais il faut lui courir après…
